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JORDON

Artiste Peintre

Né en 1951 à Bandol (Var), JC Jordon vit et travaille en Champagne (51).

Son travail explore toutes les bases de la peinture originelle avec en plus la fougue et la virtuosité d’un prodige. Depuis la découpe des toiles de lin, la préparation des apprêts et des pigments de couleurs, Jordon tient à maîtriser toutes les étapes de la création dans ses peintures.

Fortement inspiré par Jackon Pollock et les artistes peintres des années soixante, son œuvre traduit une pratique « libératoire » totalement originale dans le paysage de l’art contemporain. Son travail opiniâtre allie à la fois la contrainte des mesures qu’il s’impose à une grande soif de la découverte du « rendu » final. La recherche du meilleur support à ses couleurs superposées à l’envie est caractéristique de son art. Loin d’être un artiste peintre minimaliste et économe, ses couleurs fusionnent et s’interpellent après parfois bien des ponçages successifs.

La Peinture que je pratique est arrivée à un moment de ma vie où j’avais un besoin de libérer l’énergie que je conservais en moi. Aussi, le « dripping » est source d’expression exutoire. La réalité de l’œuvre qui se crée au fur et à mesure au gré de mon action me dépasse. Cette « action painting » avec la matière sur la toile est un défoulement et une récompense quand arrive la touche finale. C’est avant tout un acte libératoire en même temps que l’expression d’une totale liberté. Aucune idée préconçue ne vient « polluer » ma tête : c’est seulement la découverte de l’inconnu qui m’attire…

Laisser « libre cours » à ses impressions du moment, la toile apprêtée posée à même le sol, s’isoler de la réalité et faire corps à une Création dévorante, tel est son délire, son challenge artistique armé de ses flacons de peinture acrylique face au support. Effet miroir ?

Questions / Réponses

De tout temps, un créateur a besoin de repères et de modèles pour se construire. Pour ma part, c’est la découverte de l’œuvre rétrospective de Nicolas de Staël à Beaubourg en Juin 2002 qui fut pour moi une révélation. Elle déclencha chez moi l’envie de peindre avec toute la décontraction et la liberté qui ‘collait’ bien à mon caractère. Rapidement, je me suis senti à l’aise avec le dripping et tout particulièrement avec la peinture gestuelle que l’on retrouve dans les œuvres de Jackson Pollock dans années cinquante. Le public me reconnaît volontiers par ma débauche explosive et spontanée de couleurs et de reliefs qui animent la plupart de mes toiles.

Pour ce qui est de mes affinités avec la peinture américaine de ces années-là, je pense qu’il n’y a pas à proprement parlé de peinture américaine puisque la plupart des artistes de l’époque était issue de la vague migratoire européenne. Avec l’aide des médias, une identité artistique s’est donc construite, principalement dans la ville de New York. Cela a bien sûr servi la culture américaine face à la vieille Europe meurtrie par la deuxième guerre mondiale. Même si cela s’est fait avec une grande majorité d’artistes européens fraîchement arrivés sur le sol américain, je ne vois pour ma part qu’une universalité de l’Art, qui dépasse les continents et les idéaux. Cela dit, il est indéniable que Rothko, Kline, de Kooning et bien d’autres sont pour moi des précurseurs et des références chères à mon parcours.

A proprement parlé, je n’ai pas de problème face à la surface à investir, juste une vague notion de ce que je veux réaliser. Tout d’abord, ce qui détermine ma peinture tient en peu de mots : qualité et grammage de la toile préalablement et personnellement taillée et apprêtée par mes soins, couleurs et pigments en stock et mes divers outils. Une fois fait cet inventaire, j’entre’ en peinture. Bien qu’aléatoires, mes gestes semblent guidés par un processus de création auquel je ne puis résister. Pour accéder à cet état, ma concentration sur l’acte de peindre est intense. Chaque fois, c’est un défi. Je dois triompher et dominer la matière…

Effectivement, cette ambivalence est souvent présente, au point qu’un non-voyant pourrait certainement ‘voir’ mes toiles uniquement en les touchant et y traduire des émotions particulières. Cela dit, l’état de la surface, en plus du visuel apporte une fusion singulière du tactile et du mental omniprésent qui ouvrent nos sens. Analysés et interprétés par le cerveau, la vie nous pousse constamment à faire des choix. C’est ce que vous retrouvez dans ma peinture qui n’est pas ni figé dans une seule technique, ni dans un style défini.

L’homme de tout temps a recherché la démesure dans ses actions créatrices. Que ce soit en architecture ou plus précisément en peinture, il suffit de visiter les grands musées pour s’en convaincre. Pour ma part, je suis particulièrement attiré par les grandes dimensions pour mieux investir la toile sur laquelle je peux alors parcourir l’espace par l’amplitude gestuelle (action painting). Sans cadre, ni baguette pour la contenir, la peinture de grand format, une fois accrochée ‘habille’ le mur en tant que de décor essentiel. Elle offre ainsi une fenêtre ouverte au spectateur et non plus une fenêtre dans le mur…

Tout d’abord, je reconnais être incapable de peindre la réalité avec la fidélité d’un Maître de la Renaissance. Pour moi, la Peinture doit rester un exercice empreint d’une grande liberté. Avant tout, c’est l’acte de peindre la matière avec un certain rythme dans un espace donné qui déclenche mon action. La réalité d’une peinture qui naît sur la toile est bien plus riche que toutes les fictions que l’on pourrait imaginer à l’avance. Si on ne représentait que ce que l’on a imaginé, on ne serait qu’au service de cette imagination. Il est pour ma part bien plus captivant d’être ouvert à l’inconnu que de reproduire ce qui s’est déjà fait.
L’œuvre ne vaut d’être créée que si elle dépasse et surprend l’artiste qui lui donne forme et vie. Je ne reproduis pas, je peins la peinture au sens le plus large, avec sa matière, sa consistance et ses couleurs, comme le ferait un cuisinier créatif. Gourmand, je mets en œuvre couleurs et substances dans une « harmonique physionomique ». D’où le choix de mon nom d’artiste peintre « Jordon ».
Ainsi, j’ordonne les pigments et la matière en acte libératoire et impulsif. C’est dans la peinture et nulle part ailleurs que j’ai trouvé ce dépassement.

Certainement la curiosité de l’inconnu et la recherche ont conduit et conduisent encore mes pas. Je pense que c’est grâce à l’observation et à l’attention que l’on porte aux phénomènes de transformation de la matière peinture que j’ai pu avancer. Le champ d’investigation dans ce domaine est tellement vaste qu’une vie n’y pourrait suffire…

Absolument pas ! Comme dans toute personne, il y a des périodes où je ressens plus intensément la vie qui m’entoure…Cependant, peindre dans l’action requiert une certaine exaltation qui se traduit par une débauche de gestes de grandes amplitudes animés et rythmés pour couvrir l’espace de la toile posée à même le sol souvent. D’où la profusion des giclures et des éclaboussures figées dans le mouvement. Peindre une nouvelle toile est une naissance exceptionnelle et unique car le résultat est toujours une surprise.

Plutôt qu’un parcours, je dirais que c’est la recherche des différentes techniques d’applications de la peinture qui a renforcé mon aventure artistique. Autodidacte parfait, je me suis « raccroché » à mes compétences d’ancien boulanger-pâtissier pour réaliser mes premières expériences avec la matière. J’utilise rarement les brosses pour étaler la peinture. Sur la toile, j’aime ce contact direct de la main avec la peinture. Ma démarche est de rester le plus simple possible avec des outils bricolés pour les formes et des effets qui naîtront de mon action. Le jaillissement de la peinture sur la toile canalise ma soif de peindre…

Pour ce qui concerne la technique, le dripping et l’action painting se combinent bien à ma manière de peindre. J’utilise presque exclusivement des peintures acryliques fluides que je mélange avec d’autres substances mates ou brillantes. Dans mes compositions abstraites, je recherche une harmonie des couleurs et de matières diverses pour créer une atmosphère, une ambiance. Selon l’inspiration du moment, j’alterne et/ou combine des dégradés, des contrastes et des camaïeux pour la meilleure cohérence visuelle.

Tout simplement parce que cela nuirait à la perception qu’en aurait le regardeur au point d’en subir une certaine influence, souvent même inconsciente. Les formes et les couleurs peintes, par leur ordonnancement intuitif et leur rythme possèdent un pouvoir attractif qui agit sur l’imaginaire et l’émotion. Il y a un phénomène poétique qui s’opère entre la toile et le spectateur qui se trouve inclus dans cet espace. La spontanéité de la vision change à chaque point de vue fixé, puis s’efface pour en faire apparaître une autre, et ainsi de suite…Aussi, je me garde bien de nommer mes toiles. Un numéro chronologique cela doit suffire. Je respecte trop la liberté d’autrui pour imposer un titre qui ne serait que le reflet d’une vision toute personnelle.

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